Nous n'avons posé le pied à Puerto Natales que pour poser quelques bagages, refaire les sacs, et nous voilà repartis pour cinq jours dans le Parc National des Torres del Paine (jours 11 à 15 : du 07 au 11 février). Nous y ferons de nouveau halte, un peu plus longuement, de retour du trek.

Premier jour : départ sous la pluie au petit matin pour 2 heures de bus jusqu’à l’entrée du Parc, transfert dans un minibus bondé, puis un catamaran encore plus chargé d’où on ne voit rien. Enfin l'air libre ... le refuge de Grande Paine vient de ré-ouvrir après l'incendie, mais tout est calciné autour,

Incendie

de violentes rafales soulèvent des nuages de cendre très désagréables dans les yeux.

Après une heure de marche environ, Claudette fait un faux pas et ressent une violente douleur a la cheville !! Hélas, le voyage s’arrête ici pour elle, Michèle la raccompagne (2 h pour le retour) puis tout le chemin inverse. C'est une autre histoire....

Pour notre part, nous continuons jusqu'au refuge Grey, dans des bourrasques de grêle qui nous cingle violemment le visage : une partie de plaisir ! On comprend qu'il y ait aussi peu de monde au refuge. La végétation est très abîmée par le feu mais certains endroits sont partiellement préservés, de quoi nous donner une idée de son charme passé ...

Petite halte pour poser les affaires et nous filons jusqu'au glacier Grey : énorme masse séparée en deux langues qui aboutissent dans le lac. Bien qu'un peu éloigné, le spectacle vaut bien toute la pluie que nous prenons sur la tête !

GlacierGrey

Deuxième jour : chemin inverse, nous repassons par le refuge Grande Paine, puis nous dirigeons vers celui de Los Cuernos. Tout le long, d'incessantes rafales très puissantes font voler des tourbillons d'embruns au-dessus du lac d'une superbe couleur vert laiteux. C'est superbe ... quand même !!!

Tornade

Arrivés au refuge, nous sommes sortis de la zone brûlée depuis environ 1 heure : la forêt est dense, évidemment d'espèces inconnues : de grands arbres un peu comme des ormes, des arbustes piquants, sans doute des berberis, et enfin les premières fleurs de Cirulillo,

Cirulillo

fleur emblématique du parc, assez semblable au chèvre-feuille, mais pourpre : de toute beauté. Ce qui manque le plus c'est la faune !

Du fait de l'incendie (probablement), plusieurs sites de camping des alentours sont fermés et les pauvres campeurs, en général des jeunes, chargés comme des mulets, s'agglutinent là ou ils peuvent, dans le moindre trou de broussaille, pour essayer de monter leur tente sous un vent toujours violent. Quelques piquets craquent, certaines campeuses aussi - les pauvres ! Le refuge est d'une indigence insigne pour ces pauvres malheureux, qui sont obliges de manger debout devant l’entrée, sous la pluie éparse, avec deux points d'eau pourris et deux douches peu engageantes !

Pour les nantis que nous sommes, c'est moins dramatique et nous pouvons nous réfugier dans une salle à manger bondée et surchauffée, avec pour tout recours un verre de pisco !!!

Pisco

Troisième jour : retournons sur nos pas pendant environ 2 heures, jusqu'au "Camp Italien" pour nous enfoncer dans une vallée profonde, en longeant un torrent impétueux et boueux, progressant le long d'une haute moraine. La récompense vient au bout d'une bonne heure, lorsque nous arrivons au point de vue : d'un coté un beau glacier suspendu

GlacierValleFrances

d’où s’écoulent de nombreuses cascades dont l'eau n'atteint pas le sol, soufflées vers le haut en de superbes panaches,

Panache

de l'autre la face ouest des Torres, en attendant de les retrouver plus tard sous un angle opposé.

Le retour au refuge de Los Cuernos est épique : le chemin longe le bord du lac, emprunte une gréve de cailloux blancs et noirs, très belle. Mais les rafales de vent, sans doute plus prés de 120 que de 100 km/h, nous chahutent en tous sens. Par deux fois nous nous accrochons aux arbustes ou aux rochers, accroupis pour ne pas nous faire renverser, et une seconde suffit pour nous tremper de la tête aux pieds. Heureusement, il ne faut guère plus de temps pour être de nouveau secs !!!

Enfin nous arrivons au refuge et nous avons le plaisir de retrouver Michèle qui en a fini de son rôle de "Mutuelle Assistance". Le retour, ça se fête par 2 piscos ... Il faut bien se donner du cœur a l'ouvrage car, ce soir, nous sommes nous aussi sous la tente, certes déjà montée : il y a déjà 6 mois, lors de la réservation, plus aucune place n’était disponible dans le refuge !

Au cours de la soirée, les infortunés campeurs s’agglutinent autour de nous, les piquets s’entremêlent, les cailloux se partagent pour arrimer les toiles. Bref, un cirque comme je n'en ai jamais vu de ma longue vie de campeur !!!

Quatrième jour : nuit très agitée, où les arceaux se plient sous la poussée du vent jusqu’à ce que la toile nous caresse le visage. Tout tient bien, les ondées se succèdent jusqu’à 5 h du matin, nous pourrions enfin dormir tranquilles si les premiers campeurs ne commençaient déjà a tout replier !

Aujourd'hui, journée de transition : nous rejoignons le refuge de Chileno, légèrement engagé au cœur de la vallée dans laquelle se cachent les "Torres", le clou du spectacle ! Le temps est au beau, pas un souffle de vent, Los Cuernos se detachent sur le ciel bleu :

LosCuernos

Il faut très chaud, nous avons changé de planète en une nuit. La végétation est basse, le pied des montagne s’élargit en une vaste steppe, traversée d'une large rivière. Très loin, une caravane de chevaux et des vaches dans quelques pâturages encore verts. Tout le reste est jaune et sec : c'est bientôt la fin de l’été. Longue remontée à flanc, nous commençons a voir pas mal d'oiseaux de la région, dont les premiers ibis à tête noire qui nous émerveillent. Il y en aura tellement demain que nous ne les regarderons pas plus que des poules !!!

De nouveau des arbustes couverts de baies roses, bien appétissantes, mais gare !

Enfin, au détour d'un virage, nous découvrons la vallée des Torres et, au loin, le refuge de Chileno. Rien a voir avec la cohue du précédent refuge, ici les Tour Operators ne sévissent pas, c'est un peu trop loin !

Cinquième jour : le réveil était initialement prévu a 4 h. pour voir le lever de soleil sur les tours. C'est fou comme on est courageux à 12 000 km d'ici ! Finalement, ce sera un peu avant 7h. D'ailleurs, nous n'aurons pas à le regretter car le temps est un peu nuageux. Peu de monde sur le chemin, nous traversons une épaisse forêt naturelle, où les troncs morts enchevêtrés pourrissent sur place.

Foret

Après une heure de montée, nous nous trouvons au pied d'un monstrueux éboulis qui cache encore toute la vue. Mais cela nous donne le plaisir d'une découverte brutale devant un cirque extraordinaire.

A droite, une muraille noire striée de zones plus rouges, un lac vert laiteux dominé par une falaise de granit veinée de noir, sur laquelle prend appui la base des trois tours dont le sommet se perd dans les nuages bas. A gauche, le regard est stoppé par une rangée d’éperons ocre.

Il va nous falloir une très grande patience (3 heures) à attendre, presque immobiles entre les gros rochers, un peu a l'abri du vent, avant d’être largement récompensés par un spectacle inoubliable. Des spots de lumière s'insinuent peu a peu dans les trous de la brume qui monte, une succession d'arc-en-ciel de plus en plus intenses

ArcEnCiel

puis presque la totalité du cirque qui se dévoile

LasTorres

Nous l'avons bien mérité, l'instant vaut bien un petit souvenir : hourra !!!!!

Hourra

Il est temps de redescendre, nous croisons beaucoup de monde, ils auront sans doute beaucoup plus de soleil que nous, mais certainement pas une aussi belle lumière : c’était un bon plan !!!

Il fait maintenant très chaud au fur et à mesure que nous redescendons dans la plaine. De nouveau des ibis, le long du chemin, qui lèvent à peine la tête à notre passage, occupés à fouiller la terre de leur long bec recourbé.

Ibis

Le retour en bus a Puerto Natales est un plaisir : placés devant, et avec du beau temps, nous profitons du spectacle : de nombreux guanacos, qui ne s'affolent pas du tout à notre passage, le chauffeur est obligé de klaxonner pour leur faire évacuer la route ! D'un bond certains franchissent la barrière. Au fil de la route, un groupe de flamands roses, un nandou, des lièvres qui font la course avec nous.

190 km de route = 190 km de clôture de part et d'autre, d'immenses pâturages secs et pierreux, apparemment inoccupés, mais en fait les troupeaux de vaches et de moutons sont dispersés sur toute l’étendue. Ils ont la belle vie avant de finir dans l'assiette !

RepasPuertoNatales

Pour une première rencontre avec une parillada (restaurant spécialisé dans la viande grillée au barbecue, la parilla) le contact est réussi !